Georges SAULTERRE


REPÈRES BIOGRAPHIQUES


Georges SAULTERRE est né le 1er mars 1943, à  Conegliano Veneto (Italie).
Après ses études à l`École des Arts Appliqués de Paris,  il expose ses premières sculptures à Paris au
Hilton. Très vite ses dispositions pour le << monumental ›› l'amènent à être le premier sculpteur à faire entrer l'Art dans les centrales électriques ou sur les autoroutes. C'est là qu'il donne libre cours à son imagination fertile, grâce à l`appui de commanditaires ouverts à comprendre son besoin  d`appropriation de l`espace.
C'est alors que surgissent sur l'autoroute de Chartres, un Héron cendré (1978), Les Flèches des Cathédrales (1987) qui paraîtra dans le Guinness des records (1998) comme étant la sculpture la plus haute faite par un homme (21 m), SUR LES TRACES DES VIKINGS (1990) sur l'autoroute de Normandie, des œuvres destinées aux centrales électriques de
Cruas-Meysse, de Chooz (1987) de Golfech (1988), un Signal des Alpes (1984) sur l`autoroute Estérel Côte d"Azur, Les Orgues (1990) pour le District d'Isbergues, une sculpture pour le centre de formation d`Elf et jusqu'au Nigéria avec une sculpture pour le siège de Elf Nigéria (1992). Et des sculptures pour des municipalités, des promoteurs ou des organismes publics à Versailles, Clamart, Deuil-la-Barre, La Grande Motte, Paris.
En 1997, Saulterre est nommé lauréat du concours lancé par l`autoroute Estérel Côte d'Azur pour une sculpture symbolisant l”entrée sur la Côte d`Azur :
« A L'AUBE DES TEMPS ››. Elle est installée en juin 1998 et surplombe la gare de péage d°Antibes. En parallèle, il mènera différentes expositions en France et dans le monde : New York Art Expo Javits Convention Center (1989), Melbourne (1989),
Florence (1995), Abbaye de Moissac (1992), Galerie du
Cloître à Auvillar (1993), Paris (1988-1989).
ll a exposé au Palais Bénédictine près de 150 sculptures (février à mai 1999). Sa dernière exposition a eu lieu en août/septembre 1999 à la Galerie la
Tour des Cardinaux à l'lsle sur la Sorgue. La prochaine
à Conegliano Veneto (Italie). Georges Saulterre est aussi esthéticien industriel. Il a mis au point des couverts, des plats, des objets en cristal, en céramique, des étains contemporains pour les plus grands orfèvres et cristalliers français.
Les trophées seront aussi pour lui une autre forme d'expression, c”est ainsi que seront créés le Trophée des Dentelles de Calais remis chaque année aux créateurs de mode, du Prix de l`innovation Elf, de golf pour Eurotunnel.
Sa soif de nouvelles expressions l'a amené à se rapprocher d'un inventeur de génie, Pierre Seailles, lui-même issu d'une famille de grands artistes. Leur collaboration débouche sur la création de plats décoratifs réalisés à partir d'un procédé breveté qui permet d'obtenir la reproduction d`une sculpture sur un support. Il ne s'agit pas de photographie, ni de sérigraphie, ni de décalcomanie. C`est bien autre chose, et c`est vraiment très beau !
Cet artiste inspiré qui n'a pas fini de nous étonner, a actuellement en projet la réalisation de la plus
haute « sculpture habitable ›› au monde : 260 m de hauteur « La Tête dans les Etoiles ›› !


<< Rêves de Pierre ››


Singulières ou multiples, solitaires ou plurielles, isolées ou en groupe, divinités comme venues du fond des âges et cependant curieusement contemporaines, elles nous regardent. Elles ? Ce sont les  femmes de grès que le ciseau de Saulterre a sorti de la gangue informe pour leur donner forme, ce sont ces divinités antiques,
comme venues du fond des âges, qu”il a extraites de la matière inerte pour leur donner vie et présence. Elles sont là, d'une immobilité fascinante comme saisies, scellées dans un mouvement arrêté qui fait d'un instant une éternité. Freinées dans leur élan, encore engluées de la matière qui les enserre et dont elles semblent avoir
peine à se défaire, elles s'affirment cependant dans leur venue au monde visible. «Je suis là maintenant, j`existe, et tu dois compter avec moi ››, nous disent-elles avec
une détermination puissante, revendiquant dans cette nouvelle naissance le monde d'où elles viennent comme celui où elles sont maintenant. Idoles cycladiques, vénus
préhistoriques, composant parfois un bestiaire fantastique où s'animent sphinx mythologiques, licornes et sirènes, elles sont ces femmes immémoriales qui appartiennent à l'aube de l'humanité et à l'imaginaire universel.

Elles sont cela tout à la fois, ces « dames du temps jadis ››, et composent pour nous un monde onirique qui fait partie de l'inconscient collectif de l`humanité comme de l'inconscient personnel de chacun.

Si leur attitude est différente, ondulante ou linéaire, si les bras sont à peine esquissés, si leur visage se dissimule parfois derrière un masque de hibou et de chat qui seul révèle leurs vastes orbites, si elles se parent
d'une chevelure ornée ou de longues mèches de pierre, elles ont toutes de petits seins adolescents, ronds et haut placés, et surtout, surtout, ce regard profond, intense, dont la fascination nous immobilise d'un coup. Que nous demandent-elles par ce regard ä l'insondable mystère, à l”inoubliable intensité ? Quelle question nous posent-elles, insistante et cependant muette, et qui va s'exprimer par la bouche qui s'entr'ouvre à peine et va laisser sortir d`improbables paroles ? Une interpellation d`une puissance saisissante et qui longtemps, longtemps, nous frappe et nous poursuit. Elles vont parler, là, dans un instant. On en est certain, on l`attend. De quelle question fondamentale, de quelle interrogation existentielle (sur elles-mêmes ? Sur nous-
mêmes ?) vont-elles nous poursuivre ? On ne peut les oublier. Ces divinités de pierre sont les nôtres, notre mémoire, notre futur. Elles viennent de loin, elles vont loin. Elles incarnent et résument tous nos grands
questionnements.
Elles sont belles, elles sont puissantes et cependant élancées, légères et fluides, intemporelles mais matérielles. Elles nous parlent d'elles, elles nous parlent de nous, elles sont d'hier et d'aujourd'hui, elles sont
immobiles mais elles nous accompagnent, ne nous quittent plus, et c'est avec émotion que nous les emmenons dans notre mémoire, compagnes fidèles, témoins muets et vigilants qui vont venir désormais peupler notre imaginaire et habiter notre besace mentale.
Ce n'est pas le moindre attrait de ce sculpteur de grand talent, à l`inspiration véritablement magique, que d'avoir su, si intelligemment et si instinctivement à la
fois - alliance paradoxale que seul l'art sait exprimer avec cohérence et beauté - faire naître un monde tel que celui-ci, où légèreté s'allie avec puissance, ou expressivité rime avec silence, où règnent la solitude solidaire, la douceur et la force, dans des dualités admirablement maîtrisées. Ne sont pas si nombreux les artistes qui savent créer un tel univers. Saluons bien bas.


Olga Tarcali